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Minuit dans l'univers : critique du navet de Noël sur Netflix - ÉcranLarge.com

PERDUS DANS L'ESPOIR

Fut une époque où George Clooney, acteur et réalisateur, rimait avec l'esprit dérangé de Charlie Kaufman pour Confessions d'un homme dangereux et le noir et blanc classieux de Good Night, and Good Luck. Après deux petites décennies qui semblent être des siècles, il explore toujours plus le fossé où a continué sa carrière de cinéaste, mais cette fois sur Netflix. Avec 100 millions de dollars pour adapter le livre Good Morning, Midnight de Lily Brooks-Dalton, et le créneau de Noël pour s'imposer grâce à la page d'accueil du géant de la SVoD, Clooney est de retour, pour ce qui devrait être un des pics de nullité de sa carrière aux côtés de Batman & Robin. Car l'emballage est plus chic, mais le résultat est tout aussi cheap.

Dans Minuit dans l'univers, la fin du monde est là, pour les personnages et probablement pour les spectateurs. La Terre va mal à cause d'un air toxique qui ronge peu à peu la surface, et un vieux scientifique barbu et mourant décide de rester dans sa station d'Arctique, parce qu'il est très seul et très désespéré. Sauf qu'il va se retrouver avec une petite fille sur les bras, et les enfants sont l'avenir de l'humanité bien sûr. Dans l'espace, le vaisseau Æther est de retour, avec la bonne nouvelle d'une planète capable d'accueillir notre espèce. Sauf que personne n'est au courant que c'est trop tard, et qu'ils feraient mieux de repartir direct en arrière.

Dans Minuit dans l'univers, il y a de l'action et des émotions, de la neige et des combinaisons spatiales, des morts et des sacrifices, des surprises et du spectacle. Tout ça semble avoir été assemblé par un mauvais algorithme, si bien que Minuit dans l'univers finit en cocktail cata, qui emprunte le pire du film catastrophe, du film spatial, du film d'aventure et du mélo du dimanche. Soit le conte de Noël qu'on mérite, pour achever cette sale année du désespoir.

photo, George Clooney, Caoilinn SpringallArctic monkeys

TEUBÉ NE MEURT JAMAIS

Premier problème : il ne se passe à peu près rien dans Minuit dans l'univers. D'un côté, le vieil homme va d'un point A à un point B, accompagné malgré lui d'une gamine, en territoire hostile. De l'autre, l'équipage revient vers la Terre, et s'occupe. Les enjeux et conflits sont tellement maigrelets que le scénario va alors meubler le vide, avec des péripéties tour à tour ridicules, anodines ou artificielles.

Sur Terre, il y a une scène de panique et fuite sur la glace, tellement mal montée et filmée qu'il semble manquer des morceaux, et qui alterne entre invraisemblance et non-sens. Dans l'espace, il y a une inévitable scène de sortie en combinaison, qui abuse des idées les plus banales du monde dans le genre, en plus de quelques absurdités et d'une parenthèse chantée insupportable. N'est pas Gravity et Mission to Mars qui veut.

À peu près rien ne va dans Minuit dans l'univers et dès lors, le radar à connerie est allumé. Augustine meurt quasiment pour sauver un sac qui n'a finalement aucun impact sur la suite, la trousse de secours à bord du vaisseau est placée dans un endroit reculé sans aucune raison (hormis la tension), et la grossesse de Sully interroge plus qu'autre chose (Felicity Jones était enceinte et George Clooney a décidé de l'intégrer au scénario, parce que pourquoi pas).

Photo Felicity JonesMission to blabla

Pour ne rien arranger, Minuit dans l'univers est un vide total en termes de direction artistique. Sur Terre, c'est un petit échec avec la neige et autre fonds verts, qui ne donnent jamais le sentiment d'errer dans un désert blanc en temps d'apocalypse. Hormis trois loups et une carcasse d'avion, il n'y a rien. Côté éther, c'est pire puisque tout le design du vaisseau est un condensé de clichés sans aucun sens, pensé pour le simple plaisir des yeux - du moins les yeux bercés par les courbes des meubles Ikea.

Inutile de chercher le sens réel des échelles lumineuses, des grands espaces ou des motifs arty sur les murs : l'esthétique bas de gamme l'a emporté sur le reste, quitte à donner l'impression d'être dans un loft-bunker. L'extérieur de l'Æther n'est pas beaucoup mieux, et le rendu des effets spéciaux donne la sensation d'un gros jouet virtuel.

Autre raté : la musique d'Alexandre Desplat. Entre petites touches ordinaires pour un film de SF (les sonorités type sous-Star Trek sur les plans extérieurs du vaisseau) et banales envolées sensationnelles (la mission qui tourne mal), la musique est symptomatique de ce film sans aucune personnalité.

Photo George ClooneyGeorge Clowney

mI-NIAIS DAns l'univers

Mais le pire est à venir. À la faveur d'un double twist fabuleux, Minuit dans l'univers passe de mauvais film tièdasse à gros navet dégoulinant et grotesque. Censée donner tout son sens à l'aventure et aux personnages, cette conclusion prend l'allure d'une vaste blague, digne d'un épisode de Dallas dans l'espace.

Le problème n'est même pas que ces twists étaient plus ou moins évidents ni qu'ils soulèvent de sérieuses questions sur le point de vue dans certaines scènes, a posteriori. Le problème, c'est qu'ils transforment la suspension d'incrédulité (ce beau concept qui aide à croire en tout et n'importe quoi en fiction) en pacte de niaiserie abracadabrantesque. Le film rêve évidemment de soutirer quelques larmes, mais il n'y a qu'un fou rire teinté d'exaspération face à cette fin.

Photo Kyle ChandlerDemain à la lune (de Jupiter)

Cette conclusion grotesque remet en perspective le vide intersidéral de Minuit dans l'univers, un film qui semble entièrement avoir été pensé sur la théorie et les symboles. Comme c'est une histoire d'espoir, sur la lumière intérieure de l'être humain même face au désespoir le plus total, tout sera sacrifié en ce sens. La cohérence des personnages, des actions, des enjeux, de la narration. Mais comme aucun personnage n'a droit à une quelconque dimension ou motivation personnelle (hormis celui de George Clooney, lourdement dessiné par des flashbacks), le film va dans le mur. Car ce n'est pas en abusant de la carte des souvenirs virtuels, pour montrer untel au petit déjeuner en famille, ou untelle avec son chat adoré, que l'émotion et l'attachement arrivent.

Minuit dans l'univers se retrouve alors seul dans l'univers, réduit à une blague cosmique à 100 millions, moins touchante qu'un bon téléfilm Disney sur M6. Mieux vaut revoir À la poursuite de demain, avec déjà George Clooney et une gamine face à l'apocalypse. C'était une véritable ode à l'espoir, magique et sensationnelle, qui ne faisait pas perdre espoir dans les films hollywoodiens.

Minuit dans l'univers est disponible sur Netflix depuis le 23 décembre 2020 sur Netflix

Affiche française

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