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Dawson sur Netflix : 5 ravages que la série cuculte a faits au monde - ÉcranLarge.com

La série Dawson est sur Netflix, et pour les fans de Joey, Pacey, Jen et compagnie, c'est une bonne nouvelle. Pour les autres, pas forcément.

De 1998 à 2003, la bande à Dawson a provoqué des larmes, des rires, des chocs et de grands moments de tension sur qui allait enfin toucher la main (ou plus) d'un.e camarade. Incontournable pour tout ado qui a grandi dans les années 90, la série menée par James Van Der Beek, Katie Holmes, Joshua Jackson et Michelle Williams a ravagé les cœurs d'une génération. Soit parce que l'amour était réel, soit parce que l'exaspération était intense.

Comme Netflix a eu l'odieuse idée de rajouter l'intégralité des 128 épisodes de cette série, les vieux cons d'Ecran Large reviennent sur quelques raisons de ne pas aimer Dawson. Pire : sur les conséquences inouïes et impardonnables de cette série cu-culte.

photo, James Van Der Beek, Katie Holmes, Joshua Jackson, Michelle WilliamsLe bonheur selon les années 90

SUR KEVIN WILLIAMSON

Il suffit d'un succès pour que tout le monde vous ouvre les bras, sans avoir peur des odeurs. Avant Scream, Kevin Williamson n'était personne. Après le carton du film de Wes Craven, il était le demi-dieu de la cour d'école. Mais les rats avaient senti l'odeur du sang avant ce succès puisque dès que le scénario du slasher a été acheté, Williamson commençait à attirer l'attention des producteurs, ciné et TV.

Quand on lui demande quelle histoire il aimerait raconter, il va chercher très loin. Pourquoi pas une série sur des ados en Caroline du Nord, comme lui ? Avec un héros fan de Spielberg, comme lui ? Avec une crique comme décor, comme lorsqu'il était môme ? Ce sera Dawson's Creek, réduit à Dawson en français.

À The Hollywood Reporter, en 2018, le créateur de la série expliquait : "Le producteur Paul Stupin m'a demandé si j'avais une idée, et sur le moment j'ai commencé à inventer. Je n'en avais aucune idée ! J'ai commencé à parler du fait que j'avais grandi en Caroline du Nord près d'une crique, avec une caméra, à faire des films dans mon jardin, en rêvant d'être Spielberg. Je parlais, je parlais : c'était sur moi et mes amis. Paul m'a répondu, 'J'aime bien. Quand tu as trouvé comment faire ça, reviens et présente-moi tout ça'. Je suis rentré, j'ai travaillé toute la nuit et écrit une présentation de 20 pages."

 

photoMoi, ma vie et moi-même

 

Il présente ça comme un mix diabolique entre Angela, 15 ans, La Petite maison dans la prairie, ou encore Beverly Hills, mais l'histoire se corse rapidement. Personne n'en veut pour diverses raisons, et Kevin Williamson pense que tout est fichu. À tel point qu'il s'achète un chien, et l'appelle Dawson (ceci n'est pas une blague). Et la magie réapparaît lorsque WB Network, alors en pleine vague teen avec le succès de Buffy contre les vampires, achète la série.

Cette confiance aveugle en Kevin Williamson a eu de graves conséquences. C'est comme ça que Souviens-toi... l'été dernier a été lancé en quatrième vitesse avec son scénario, pour surfer sur Scream. C'est aussi comme ça qu'il a pu monter son premier film comme réalisateur, Mrs. Tingle, largement oublié depuis (contrairement à The Faculty, qu'il a refusé de réaliser après avoir réécrit le scénario). Au milieu, il a même été appelé pour écrire les grandes lignes de Halloween : 20 ans après, puis le film maudit Cursed, comme si d'un coup, il était devenu le maître du genre.

Le scénariste a tellement eu foi en lui-même qu'il a fini par quitter son bébé Dawson en 1999, pour créer une autre série, Wasteland. Avec un autre pitch certainement improvisé entre deux pauses pipi : l'histoire de six amis trentenaires, copains depuis toujours, à New York. Wasteland, "la nouvelle série du créateur de Dawson", sera arrêtée après seulement 3 épisodes diffusés. Williamson reviendra donc finalement dans sa petite crique, pour la conclusion de sa série en 2003. 

photoWhat a waste

SUR LES ACTEURS

Quelle opportunité fantastique pour de jeunes acteurs, que de participer à une série au succès internationale, un doudou générationnel qui leur assurera célébrité et amour de spectateurs transis. On imagine la joie de James Van Der BeekKatie HolmesMichelle Williams et Joshua Jackson, foulant les tapis rouges d'Hollywood face à des centaines de spectateurs hurlant leurs noms, exigeant des autographes et leur offrant des postillons avec l'enthousiasme d'une mousson précoce.

Et dans un premier temps, les planètes ont semblé s'aligner pour eux. Holmes a enchaîné sur Batman Begins, Williams a impressionné dans Le Secret de Brokeback Mountain, Jackson n'a pas tout de suite embrayé sur d'immenses succès, mais multiplié les projets avant de devenir un des principaux protagonistes de Fringe, tandis que Van Der Beek pouvait espérer que Les Lois de l'attraction le sauverait de son destin de gant de toilette suant la mignonnerie. Puis vint la dégringolade, la désauce, voire la malédiction. Car c'est bien ce à quoi fait face le casting de Dawson : une poisse stellaire, digne d'un maléfice vaudou.

photo, Joshua JacksonCringe avant Fringe

Holmes a été remplacée par Maggie Gyllenhaal dans The Dark Knight, Williams, en dépit de quantités de performances brillantes (de Blue Valentine jusqu'à Manchester by the Sea) a été superbement ignorée par le grand public, quant à James Van der Beek, on se contentera de rappeler que la dernière entrée de son CV n'est autre que la série Disney Junior Vampirina pour bien comprendre le désastre qui préside désormais à son existence. Mais la preuve la plus tangible de la malédiction que Dawson fait peser sur son casting n'est autre que Joshua Jackson. De Fringe à The Affair, l'artiste a prouvé maintes fois sa valeur.

Et pourtant, le succès, le grand succès, la bénédiction de la déferlante au box-office lui échappent toujours. Selon des rumeurs persistantes, on n'a pas encore trouvé le moindre spectateur capable de se rappeler son nom, ou même son prénom, et d'aucuns l'appellent encore "le gentil tout fade", ou le "petit gros rigolo". Autant de preuves que les premières victimes de la série furent avant tout les artisans de son succès.

photo, Blue Valentine, Ryan Gosling"Si avec ça, nos carrières ne décollent pas"

SUR LES FANS DE SPIELBERG

Steven Spielberg est un grand réalisateur, qui a façonné une portion remarquable de la culture populaire, et du cinéma grand-public, qui semble aujourd'hui bien à la peine devant la maestria technique et la virtuosité émotionnelle dont il fit preuve, du crépuscule des années 70 jusqu'à la fin des années 80. Assez logiquement, les amateurs de son cinéma se comptent par paquets de douze, et il ne manque pas de fans pour retracer le génie de ses créations ou chanter ses louanges. Malheureusement pour ces innombrables scribes de l'amour du 7e Art, promis à la reconnaissance de leurs pairs, à la gloire et à des fontaines de miel pour l'éternité, une série les a fait passer pour la lie de la cinéphilie.

photo, Katie Holmes, James Van Der BeekLa petite Katie, avec E.T. son meilleur ami

Et c'est bien sûr Dawson, avec son héros tout mou, qui est seule responsable de ce déraillement de l'histoire. Le glandu éponyme le répète constamment, il veut travailler dans le cinéma, il est fan de Steven Spielberg. Et pour des millions de spectateurs, l'amateur d'Indiana Jones, le passionné des Dents de la mer est devenu synonyme de menton surdimensionné, de brushing blond embarrassant, de candeur lourdingue et de pleurs gênants. Depuis plus de vingt ans, les soutiens de Spielberg portent cette marque de Caïn à la manière d'une tache indélébile, et prient en silence pour connaître le jour où la série tombera dans l'oubli.

Qui ose encore arborer un t-shirt Jurassic Park ? Peut-on paisiblement défendre La Liste de Schindler ? Est-il humainement envisageable de montrer Les Goonies à ses enfants sans se les voir retirer par les services sociaux ? Non, et ce règne de terreur qui contraint les Spielberguiens à vivre dans les sous-sols de nos grandes villes occidentales n'est pas le moindre des dommages causés par la série à notre corps social.

photo, DawsonLa dernière marrade

SUR LES SÉRIES POUR ADOS

Un tel succès n'est pas sans conséquence. Les plus grosses s'appellent Newport Beach et Les Frères Scott, lancées en 2003, juste après la fin de Dawson, pour agrandir la valse des triangles amoureux. Il y avait Dawson, Pacey et Joey ? Il y aura Lucas, Peyton et Brook. Et Summer, Zack et Seth. Et Anna, Seth et Summer.

C'est encore plus drôle pour Les Frères Scott, diffusée par The WB Network, comme Dawson, et se déroulant en Caroline du Nord, c'est-à-dire là où a grandi Kevin Williamson. Lucas, l'un des héros, voudra être écrivain, et s'inspire de ses copains tellement il a de l'imagination. Presque comme Dawson, qui veut faire des films. Rebelote avec une histoire d'amours et rivalités, mais avec une bonne virilité affichée puisqu'ici, on ne rêve pas de Jurassic Park et E.T. l'extra-terrestre. On joue au basket, comme des bonshommes, et on se bat pour la même fille, comme des bonshommes.

C'est encore plus drôle 2 : James Van Der Beek est apparu dans Les Frères Scott, pour jouer un réalisateur légèrement désagréable, le temps de quatre épisodes où le bouquin de Lucas doit être adapté au cinéma.

photoMoi garçon, moi sportif, mais moi sensible

Newport Beach, c'est pareil, mais avec des gens encore plus têtes à claque, puisqu'ils sont riches (l'ultime grand écart entre Dawson et Gossip Girl donc, qui arrivera un peu après). Néanmoins, les temps ont un peu changé et maintenant, le gars gentil, sensible et geek est au second plan. Seth, fan de comics qui veut écrire le sien, est dans l'ombre du bad boy Ryan. Le temps où Dawson le niais rayonnait, semble loin. La série, diffusée sur une chaîne concurrente, trouvera un peu de lumière avec des touches de légèreté, pour nuancer le pseudo drama ado.

Dans les trois séries, le même cirque. L'amour, le sexe, l'amitié, les secrets, les disputes, les jalousies, le touche-pipi, les parents (et les divorces), les addictions (médicaments, alcool, etc.) sont mélangés, comme les langues et les grandes déclarations niaises. Signe des temps : l'homosexualité et/ou la bisexualité font partie du décor, après Jack dans Dawson, avec Anna dans Les Frères Scott, et Alex dans Newport Beach.

Pour ce type de série ado, tout ça représente un âge d'or, plus léger, plus kitsch, qui se prendra notamment un mur appelé Skins en 2007. Fini de niaiser, faut regarder plus loin que le bout de sa crique.

photoUn bad boy se cache ici, sauras-tu le trouver ?

SUR LES GENTILS

Vous êtes-vous demandé pourquoi tant de séries se focalisent sur des héros affreux, des personnages négatifs, voire de franches ordures ? Pourquoi sommes-nous fascinés par les flics pourris de The Shield ? Comment se fait-il que nous admirions une authentique pourriture de la trempe d'un Dr House ? Comment Hannibal peut-il nous ouvrir l'appétit ?

C'est parce que depuis 1998, la bonté et la gentillesse ont été si piteusement incarnées à l'écran que collectivement, nous avons ressenti le besoin de nous en laver, et de plonger dans des abîmes de ténèbres. Mais après tout, que la vomitive bonté des personnages de Dawson ait engendré de grandes oeuvres noires, n'est-ce pas à mettre au crédit de cette série dégoulinante de gentillesse ?

photo, James Van Der Beek"Nous venons en paix"

Non, évidemment pas. Car les sourcils en caoutchouc de Dawson, les pommettes envahissantes de Joey, les poignées d'amour de Pacey (qui ose baptiser un hominidé de la sorte, on se le demande), la mine de victime de Jen, ont ruiné le quotidien de millions d'innocents quidams. Pour qui a supporté plus de 7 minutes de cette série, une évidence s'est imposée : les gens gentils, bons, sont insupportables, et leur existence une insulte au bon goût.

Et de par le monde, ce sont des milliers de types et de nanas cools, simplement bienveillants, qui se sont soudain vus refuse l'entrée en boîte, une coupe décente chez le coiffeur, ou tout simplement une vie affective apaisée. Et c'est peut-être là le plus grand crime de Dawson : avoir fait passer la bienveillance et la gentillesse pour des symptômes d'emmerdement rédhibitoire.

photo, James Van Der BeekLe câlin des gentils

Qui osera aujourd'hui crier haut et fort qu'il est contre la violence, pour la douceur et se soucie de son prochain ? Personne et on n'imagine pas demain Call of Duty proposer aux joueurs des concours de câlins en lieu et place de ses fusillades éternellement recommencées. Qu'on ne s'y trompe pas, cette inflation de la méchanceté n'est qu'une réaction tardive, mais légitime au sucre glace écoeurant d'une oeuvre qui a durablement délégitimé les gentils, et le bien de manière générale.

Merci à Charlotte N. pour son aide précieuse et étonnamment passionnée.

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