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Mort de l'architecte espagnol Ricardo Bofill, le concepteur du quartier Antigone, à Montpellier - Le Monde

Les espaces d’Abraxas à Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis), une des créations de l’architecte espagnol Ricardo Bofill, mort le 14 janvier 2022.

L’architecte espagnol à la renommée internationale Ricardo Bofill est mort vendredi à l’âge de 82 ans de complications liées au Covid-19, a annoncé vendredi 14 janvier sa famille à l’Agence France-Presse. Dans un communiqué, son atelier, le Ricardo Bofill Taller de Arquitectura (RBTA), a précisé qu’il était mort à Barcelone (nord-est de l’Espagne) et a rendu hommage « à l’architecte espagnol ayant eu la plus grande carrière internationale ».

Au fil de sa carrière, Bofill est entré dans le club très fermé des « architectes stars », dont font partie Norman Foster, Renzo Piano ou Jean Nouvel. Ricardo Bofill a essaimé sa touche originale dans le monde entier, avec pour obsession de mettre l’être humain au centre de l’espace. « L’architecture est la victoire de l’homme sur l’irrationnel », aimait-il dire, porté par l’obsession de créer un « langage » architectural différent.

Particulièrement renommé en France, il y a notamment conçu les espaces d’Abraxas, à Noisy-le-Grand, en banlieue de Paris, où ont été tournées plusieurs scènes de Brazil, film culte d’anticipation de Terry Gilliam (1985), le quartier Antigone, à Montpellier, inspiré de la Grèce antique, ou encore la place de la Catalogne, derrière la gare Montparnasse, à Paris.

Un miller de projets à travers le monde

Né le 5 décembre 1939 à Barcelone (nord-est de l’Espagne) d’un père architecte catalan et d’une mère vénitienne, Ricardo Bofill Levi entre en 1957 à l’école d’architecture de la ville, d’où il est exclu pour militantisme anti-franquiste, avant de poursuivre ses études à Genève (Suisse).

De retour dans sa ville natale, dans une Espagne toujours sous la coupe du dictateur Francisco Franco (de 1936 à 1975), il fait partie avec d’autres jeunes intellectuels (architectes, ingénieurs, écrivains, cinéastes, sociologues et philosophes) d’un groupe baptisé la « Gauche divine » et crée en 1963 son atelier d’architecture, le Ricardo Bofill Taller de Arquitectura.

Cet atelier, installé dans une vieille cimenterie de la périphérie de Barcelone, avec des antennes à Paris, Montpellier (France), New York (Etats-unis), Tokyo, Chicago (Etats-Unis) ou Pékin, a signé plus de 1 000 projets dans le monde entier.

Obsédé par l’organisation de l’espace

Mais sur le terrain, dégradés et critiqués par certains habitants, les espaces d’Abraxas ont bien failli être démolis. « Les démolir serait un manque de culture », avait estimé Ricardo Bofill dans un entretien au Monde en 2014. Tout en reconnaissant n’avoir « pas réussi à changer la ville ». Récompensé par de nombreux prix d’architecture internationaux, Ricardo Bofill était officier de l’ordre des Arts et des Lettres français.

Obsédé par l’organisation de l’espace, Ricardo Bofill s’est inspiré notamment de l’architecte italien Andrea Palladio, de la Renaissance, ou encore des architectes français des XVIIe et XVIIIe siècles François Mansart et Claude-Nicolas Ledoux. Mais aussi de villages touaregs, où ce « nomade » autoproclamé est allé chercher des idées au début de sa carrière.

« Je crois savoir faire deux choses : (…) concevoir des villes (…) et tenter d’inventer des langages architectoniques différents et ne jamais les répéter », disait-il en juin lors d’une conférence à Barcelone. Un rejet de la répétition qui lui faisait aimer Antonio Gaudí, Catalan comme lui, qu’il qualifiait de « plus grand génie de l’histoire » qui « ne répétait jamais deux éléments ou formes ».

Le Monde avec AFP

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