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Toulouse : « Le radar antibruit est un gadget qui coûte un pognon de dingue » - LaDepeche.fr

l'essentiel Une amende de 135 euros, voilà ce qu’il en coûtera au motard pris en excès de décibels par le radar antibruit qui entre dans son ultime phase d’expérimentation. Premières verbalisations dans le courant de l’année et déjà la controverse. Pierre Chasseray, Délégué général de l'association « 40 millions d’automobilistes », explique pourquoi ce radar ne réglera pas les problèmes.

Une amende de 135 euros, voilà ce qu’il en coûtera au motard pris en excès de décibels par le radar antibruit qui entre dans son ultime phase d’expérimentation. Premières verbalisations dans le courant de l’année et déjà la controverse. Pierre Chasseray, Délégué général de l'association « 40 millions d’automobilistes », explique pourquoi ce radar ne réglera pas les problèmes.

Tout d’abord,qu’appelle-t-on un radar antibruit en cours d'expérimentation ?

Un radar antibruit a pour vocation de distinguer avec un détecteur sonore les deux roues motorisés et autres engins à moteur, qui outrepassent les seuils de décibels tolérables car ils auraient été trafiqués en conséquence. On parle d’une période d’expérimentation car durant les 6 premiers mois, ils ne verbaliseront pas à proprement parler.

À quelles normes de décibels répond-il et quand sera-t-il généralisé ?

Voilà la question fondamentale. Le radar antibruit n’a pas de « norme » de décibels tolérables. Le seuil sera défini par décret ministériel à l’issue de la période d’expérimentation de 6 mois. Le gouvernement va donc avancer « au doigt mouillé » pour définir quel seuil est acceptable. La difficulté étant qu’aucun texte ne définit de seuil réglementaire pour le moment…

Que reprochez-vous à ce système ?

La volonté gouvernementale de s’attaquer aux véhicules dont les émissions phoniques constituent des nuisances pour la population part d’un constat juste, mais comme souvent, on cherche à répondre à la problématique avec la mauvaise solution. Le radar mesure et sanctionne en un lieu précis. Si le bruit démesure de certains engins est un réel fléau pour les riverains ce radar n’est pas la solution et ne fera que déplacer le problème sur des rues parallèles. Un propriétaire de véhicule émettant un bruit assourdissant déviera donc son parcours de quelques rues pour passer entre les gouttes. De fait ce système très coûteux ne sera pas rentabilisé sur le plan économique. C’est une mesure de façade, un gadget sans effet qui coûte en plus un « pognon de dingue » ! D’autre part, si l’on se place dans un cadre plus général, il faut savoir qu’entre 25 et 40 km/h, 35 % du bruit émis par les véhicules vient du frottement pneus/chaussée. Et pour réduire les nuisances sonores qui en résultent, il existe des revêtements routiers spéciaux, dits « enrobés phoniques » ou « antibruit », déjà présents sur plusieurs routes d’Ile-de-France et qui donnent d’excellents résultats acoustiques.

Que préconisez-vous pour réduire les pollutions sonores ?

Si des véhicules sont trafiqués, il faut donner les moyens aux forces de l’ordre de pouvoir les arrêter. Mais la police et la gendarmerie manquent de moyens évidents qui rendent impossible cette mission. Les pots trafiqués sont une réalité et sont particulièrement intolérables, mais ils ne concernent a priori qu’une petite minorité d’usagers. Nous sommes davantage favorables à un renforcement des contrôles par les forces de l’ordre qu’à la mise en œuvre d’un contrôle automatisé par les radars.

À terme faut-il brider les échappements des motos ?

Avant tout renforcement répressif, contentons-nous de faire respecter les règles actuelles. Il ne faut pas oublier que cette mesure intervient uniquement car l’Etat n’a pas eu le courage de faire appliquer la mesure européenne de contrôle technique sur les deux roues motorisées. Ainsi, la France a joué sur le texte de l’Union européenne qui rend le contrôle technique obligatoire pour les deux roues dans l’union européenne en faisant jouer une dérogation au texte : celle de mettre en place des mesures alternatives permettant de contrôler les éventuels débridages notamment des deux roues.

La vidéo-verbalisation arrive à Toulouse, qu’en pensez-vous ?

Attention à tous ces excès de verbalisations. Le contexte en France est particulièrement tendu et particulièrement à Toulouse où la politique de mobilité semble exclure les périurbains du cœur de ville. L’arrivée des zones à faibles émissions pourrait jouer le rôle d’étincelle qui mettrait le feu aux poudres. Dans ce contexte, les automobilistes ont besoin d’une trêve, d’une accalmie de verbalisations. Je ne saurais que conseiller à Jean-Luc Moudenc, que j’ai eu l’occasion de côtoyer avant qu’il ne devienne maire de Toulouse, de penser avant tout à une réelle campagne de verbalisation des cyclistes qui se sentent tous les droits dans le cœur toulousain. Non-respect des feux rouges tricolores, écouteurs dans les oreilles, stationnement anarchique… le respect du Code de la route n’est pas réservé qu’aux automobilistes...

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